Intervention de l’UNSA au CT IGN du 8 mars 2022

Dernière mise à jour le : 10 mars 2022

Point 2 : Evolution du pilotage et de l’organisation des activités forêt à l’IGN

Monsieur le directeur général,

L’UNSA avait pointé la défaillance de la gouvernance dès votre arrivée, Monsieur le Directeur Général. Le constat était facile, évident et presque navrant, après avoir eu un directeur général adjoint chargé de la Forêt (non remplacé), une conseillère Forêt auprès du directeur général (non remplacée), un comité technique chargé de la gouvernance - là c’est le président qui a jeté l’éponge et démissionné - et enfin plus rien, plus de pilote, aucun volontaire, aucune stratégie. Le constat était simple, la défaillance était abyssale.

Alors, vous avez entendu l’UNSA et peut-être des collaborateurs internes, puisque vous avez décidé de proposer une nouvelle organisation, faisant le diagnostic que le pilotage devait être amélioré et que le DOT devait se doter d’un « lieu de coordination et d’arbitrage concernant les productions ». Vous vous êtes laissé le temps de la consultation puisqu’il vous a fallu une année entière pour repenser une organisation, une gouvernance et une stratégie.

Mais, l’écoute de l’UNSA s’est arrêtée là ! Et quel bilan pouvons-nous faire ?

L’UNSA demandait la création d’une direction Forêt regroupant toutes les équipes intervenant sur les activités de la Forêt, afin de donner une meilleure visibilité à cette nouvelle thématique, présente au sein de l’IGN depuis 2012. Ceci avec les mêmes arguments que ceux que vous mentionnez dans l’introduction de la note transmise au CT :

« Au regard des enjeux sur la forêt française, il est essentiel que l’IGN participe activement au « défi de la connaissance ». L’institut doit pouvoir apporter un socle de référence pour la décision publique et sectorielle. Pour ce faire, l’IGN doit disposer d’une gouvernance et d’une organisation adaptée pour les activités forêt, qui permettent aux productions de l’IGN d’être fiables, en phase avec les plus récentes avancées scientifiques et mises à jour en continu. »

Alors nous avons espéré ! Enfin, un Directeur Général qui mesure l’enjeu. La gouvernance est le sujet central et prioritaire.

Bien sûr, vous n’êtes pas responsable du passé et des décisions de vos prédécesseurs, vous nous l’avez dit maintes fois ! Mais avez-vous fait mieux ?

Au final, de direction, il n’en est pas question ! Pas plus de sous-direction mais vous créez seulement un poste de directeur adjoint responsable de la Forêt. Voilà le changement proposé ! Voilà le grand projet de réorganisation ! Voilà la principale décision au regard de l’enjeu que vous avez-vous-même défini…

L’UNSA a fait le constat que l’activité Forêt était actuellement ventilée dans différentes directions et unités réparties géographiquement. Nous n’avons pas le temps de les citer toutes puisque nous avons compté environ 20 unités (services, départements, division, équipe, DOT, DIRCOM, DP…). Combien d’unités reste-t-il après votre organisation ? Aucune en moins et aucune en plus ! C’est ça la simplification à l’IGN…

L’UNSA demandait également que les unités concernées par la Forêt soient regroupées au sein d’un même service, pour une meilleure efficacité. Mais là encore vous ne suivez pas l’UNSA, et vous décidez uniquement de fusionner les 2 départements Expertise, présents à Bordeaux et Nancy, et de les rattacher directement au RFDOT. Un rattachement d’ailleurs très curieux. Le service de l’Inventaire Forestier (SISFE) reste à périmètre constant et son département « des résultats » reste toujours séparé des départements « expertise ». Quelle en est la logique ? L’UNSA vous demande des explications sur ce point. Les divisions d’inventaire restent réparties dans les DT. L’UNSA vous demande des explications également.

Voilà le bilan. 1 département expertise au lieu de 2 et un nouveau directeur adjoint responsable de la Forêt ! Et le reste ne bouge pas... Le bilan est très maigre au regard de l’ambition et des espérances. L’expression « la montagne accouche d’une souris » trouve ici toute sa place.

Alors allez-vous résoudre le problème de la gouvernance ?

Tout repose sur l’arrivée du RFDOT. La responsabilité est grande ! Il va falloir trouver un profil exceptionnel. La feuille de poste du « bestiau », terme entendu de votre part lors du basculement de l’Inventaire en novembre 2021, note (les extraits sont volontairement choisis).

« l’IGN souhaite recruter un directeur adjoint responsable de la forêt
- Il est l’autorité technique sur les différentes actions menées ou à venir pour répondre aux enjeux forêt
- Il répond à l’ensemble des problématiques concernant les aspects « métiers » (technique, opérationnelle et scientifique) de la forêt
- Il arbitre les choix méthodologiques et statistiques de l’inventaire et de toutes les productions de l’IGN relatives à la forêt
Compétences techniques
- Connaissances approfondies du secteur forestier
- Maîtriser les mathématiques statistiques
Expérience professionnelle souhaitée
- Expérience en statistique et dans les métiers de la forêt ou à dimension agronomique. Le candidat doit également avoir une expérience solide du management d’équipes »

A la lecture de la fiche de poste, nous pouvons penser que le profil recherché est celui d’un manager très technique. Nous rapprochons et ne dissocions pas ces 2 termes.

L’UNSA est rassurée, la dimension statistique de l’enquête Inventaire Forestier National est prise en compte. Il va pouvoir remplir son rôle de « directeur d’enquête inventaire forestier national » au sens des textes européens. Il va pouvoir assurer la présidence de la section spécialisée du CST pour les questions relatives aux résultats de l’Inventaire Forestier National.

Vous pourrez répondre que c’est l’interprétation de l’UNSA, que l’UNSA a une lecture orientée et restrictive. La fiche de poste est plus équilibrée. D’ailleurs l’expérience en statistique est simplement « souhaitée ». Mais l’UNSA vous rappelle que l’objectif principal était de résoudre le problème de « gouvernance ».

L’UNSA vous demande donc de confirmer que le nouveau RFDOT a bien les deux compétences technique et managériale. Comment être directeur d’une enquête statistique sans avoir un profil technique ?
Vous souhaitez que le RFDOT « représente l’IGN sur le sujet de la forêt vis-à-vis de l’extérieur dans le cadre de relations partenariales et institutionnelles, au niveau national, européen et international » ? Les représentants des pays étrangers au sein du groupe ENFIN sont des experts techniques des inventaires et non des représentants institutionnels !

L’UNSA demande à être rassuré et espère que vous n’allez pas faire le coup de l’IPEF qui sait tout !

Vous avez fixé une stratégie pour l’IGN basée sur les « Communs » et l’UNSA soutient cette stratégie. L’UNSA soutient aussi le projet d’Observatoire de la Forêt que vous avez défendu aux Assises de la Forêt. Mais pensez-vous avoir réglé le problème de l’outil qui va nourrir cet Observatoire ?

Si vous faites le pari du manager plutôt que du technicien alors l’UNSA espère que vous réussirez à garder les 2 profils dans l’institut. L’Observatoire est un enjeu important mais il ne doit pas être l’unique enjeu. Sans Inventaire pas d’Observatoire !

Au vu de l’ensemble des enjeux pour la forêt, l’UNSA reste persuadé, avec le temps qui passe, que les mauvais choix continuent et persistent. L’avenir nous démontrera encore et encore, en matière de stratégie forestière que le compte n’y est absolument pas.

Tous les directeurs généraux de l’IGN qui se sont succédés, y compris vous, Monsieur Soriano, en refusant de créer une direction de la Forêt au sein de l’IGN, n’ont pas pris la bonne décision, l’unique stratégie efficace en interne et lisible de l’extérieur de l’établissement. Pire, sans cette direction Forêt, qui aurait toute la légitimité naturelle de gouvernance, au fil des années, la Forêt se dilue encore dans l’IGN. Ce dernier n’est même plus représenté dans certaines instances ministérielles, à tel point que ces dernières viennent chercher les informations à la base, sans passer par les intermédiaires, parfois pourtant désignés.

L’UNSA y voit une volonté acharnée, implacable et incessante, de relayer la forêt dans un second rôle au sein de l’IGN.

Les nombreux discours de communications diffusés, çà et là, de manière très habile, ne changent en rien la position de l’UNSA pour qui le compte n’y est toujours pas.

Pour reprendre vos mots, vous aviez décrit l’Inventaire comme « une pépite à polir ». Avec ces décisions, il va continuer à se ternir.

Paris, le 7 mars 2022
Guy-Alain Eychenne, coordinateur et responsable national UNSA à l’IGN

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